Les jardins de COURSON jouent avec la lumière

Le Monde
vendredi 27 octobre 2007

Courson joue avec la lumière
Les 25es journées des plantes de l'Essonne
invitent à marier plantes iridescentes, lampions et pergolas

Les 25° Journées des plantes, qui se sont achevées dimanche 21 octobre à Courson-Monteloup (Essonne), furent l'occasion de redécouvrir que le jardin, comme les vêtements et le mobilier, a ses modes : cette saison sera celle de la lumière.


C'est en tout cas le thème retenu pour son Carnet 2008, par l'Observatoire des tendances du jardin, qui regroupe experts en paysages, historiens horriculteurs et designers. Ceux-ci mettent cette saison 1'accent sur Ies plantes iridescentes, Ies graminée évanescentes, les lampes miniatures et Ies cloisons de bambou qui jouent sur la transparence. Aux jardinier amateurs de renouer, ensuite, avec « la magie des éclairages naturels et artificiels des jardins impériaux de Pékin décrits, il y a fort longtemps, rappelle l'historien Michel Baridon, par le Père Jean-Denis Attiret ».

« Nous entrons dans un nouveau siècle des Lumières », affirme Vincent Grégoire du cabinet Nelly Rody. Si Ies jardiniers branchés pensent aux herbier virtuel luminescents du plasticien Miguel Chevalier (à voir sur www.miguel-chevalier.com), le commun des mortels tentera lui, d'apprivoiser les bougies, photophores, lampions, guirlande colorées et les torches de tous formats pour dessiner, dès la nuit tombée, les chemins, et illuminer les massifs de son jardin.

En pratique, rien de plus facile que de s'offrir ces objets [vendus quelques euros pour Ies bougies ou moins de 50 euros pour Ies guirlandes) dans les jardineries (Côte nature, Jardiland, Botanic, Truffaut, etc.) et les enscignes de décoration (Casa, Alinea, Ikea, etc.). Pas évident, ensuite, de s'imaginer être à la fête de Diwali en Inde — quand Ie pays s'illumine pour rendre hommage à Lakshmi, déesse de la fortune —, ou à celle des lumières à Lyon (chaque 8 décembre), qui perpétue la dévotion à la Vierge Marie. A moins de savoir jouer de la LED.

De couleur ou simplement blanches, ces sources lumineuses ultra-miniaturisées consomment peu d'énergie et fonctionnent plus de 50 000 heures sans diffuser de chaleur. On les installe au fond du jardin, comme des vers luisants, ou dans les buissons comme des lucioles artificielles, en travaillant les perspectives. « Un peu comme une veilleuse qui ne s'éteint jamais sur les plateaux de théâtre », dit Stéphane Marie, rédacteur en chef de 1'émission « Silence, ça pousse ! » (France5).

Pour réussir l'exercice, une règle : toujours ponctuer I'obscurité sans brutalité et cacher le plus possible la source lumineuse. Qu'elle se fasse discrête, surtout.

Pour jouer avec la lumière du soleil, pouquoi ne pas installer des treilles ou des pergolas qui couvrent les végétaux sans les recouvrir (Unopiu, Ferrari...). Les plantes grimpantes, les paravents fleuris aideront à créer des volumes. Des voiles coloreront les ombres, produiront des reflets.

Eclairer son jardin dune multitude de lucioles artificielles. (Techmar)

Dans cette nouvelle scénarisation extérieure, les plantes ont un rôle majeur à jouer. A l'ombre des sous-bois, le Begonia pavinova, espèce endémique des montagnes de 1'ouest de la Malaisie péninsulaire, brille d'un bleu iridescent. Il fonctionne comme un réceptacle d'ondes lumineuses, dit le botaniste Patrick Blanc. « Bleu métallisé, sa couleur est perceptible ou invisible selon I'angle de vue », dit-il.

Effet magique

En plein jour, les graminées sont connues pour révéler la lumière, la capturer, la refléter ou la fixer au sol. Le genre Stipa (Stipa stenifolia, cheveux d'ange ou Stipa arundinacea, feuillage vert sombre teinte d'orange) est courant. Leur effet est magique quand ces herbes sont bercées par le vent. D'autres plantes blanches ou aux couleurs panachées commencent à vivre le soir. Sous les rayons de lune, plantées à 1'est, et à côté d'un bassin, elles diffusent une lueur argentée.

Barbara Wirth, théoricienne britannique du « Jardin de lune », a ses favorites : en mars, elle prône d'observer le comportement lunaire de la belle pulmonaire (Pulmonaria saccharata); en avril, un Exochorda (par exemple, le racemosa) se transformera en boule blanche ; en mai, le couvre-sol Galium odoratum allie le blanc de ses petites fleurs à un parfum délicat. II y a aussi les belles-de-nuit (Mirabilis jalapa) qui attendent la tombée de la nuit pour s'épanouir.

Ne pas oublier, enfin, les arbres et leurs écorces révelées dès 1'hiver. On profite des bouleaux à la blancheur virginale, comme le Betula utilis dont la variété Jacquemontii fait figure de canélabre. Et on saisit, ravi, le coup de soleil offert en pleine grisaille par le bois doré du bambou Phyllostachis aurea.

FLORENCE AMALOU

ABECEDAIRE

Iridescence : phénomène selon Iequel une surface parait de couleur différente selon I'angle d'où on la regarde ou d'où elle est éclairée.

LED : diode électroluminescente à spectre visible (light emitting device). Inventée en 1962 par le chercheur Nick Holonyak.

Lumen : unite de flux lumineux.

Lux : unité d'éclairement.

Noctiluque : qui a la propriété d'émettre dans I'obscurité une lueur phosphorescente.