Bilan pédagogique de la première année du projet

Introduction

Notre participation au dispositif « projets exceptionnels et innovants » nous permet d’accomplir des activités, de mener des contacts et de concrétiser des intentions pédagogiques, qu’en l’absence de ce dispositif nous n’eussions fait qu’effleurer.
Pour les élèves et les enseignants, l’intérêt de ce dispositif est bien que les moyens de la concrétisation du projet, à savoir :
  • déborder largement le cadre des cours traditionnels,
  • multiplier les contacts avec des partenaires et intervenants extérieurs,
  • découvrir des univers et des contextes variés,
  • participer à l’élaboration du cahier des charges,
sont aussi importants que la concrétisation elle-même : concevoir et réaliser un jardin dans l’enceinte de l’abbaye de Fontevraud.
Si nous avons mené à bien la totalité des actions prévues pour cette première année (cf. le bilan pédagogique ci-dessous), il nous reste à améliorer notre capacité à évaluer les apports d’un tel projet, pour les élèves et pour l’équipe enseignante, par rapport aux pratiques plus usuelles de nos enseignements courants.
Dans ce sens, nous avons appris qu’une action, soutenue par la Région, était engagée avec un groupe de l’ICEM/Pédagogie Freinet pour effectuer un suivi sur les « projets exceptionnels et innovants ». Nous sommes très intéressés par une relation avec ce groupe de travail pour tenter de mieux analyser nos pratiques pédagogiques et mieux évaluer et formuler la relation entre nos intentions pédagogiques et les résultats obtenus dans ce domaine au cours de l’avancement de notre projet.

BILAN PÉDAGOGIQUE 2007/2008 (Seconde Arts Appliqués)

C’est autour du projet « Un jardin en l’abbaye, l’esprit des lieux » que l’année scolaire 07/08 a gravité pour la classe de seconde AA. Il est nécessaire de préciser dès à présent que les différentes étapes de la conception de ce jardin, dont la réalisation est prévue en 2009, n’est pas une finalité en soi, mais bien un prétexte concret pour introduire les compétences visées par la formation.
En septembre, en même temps que prend corps l’élaboration de la demande de subvention auprès de la région des Pays de Loire sous l’intitulé « projets exceptionnels et innovants », nous structurons le programme de l’année pour la globalité des 8 heures hebdomadaires attribuées à notre discipline.
Deux enseignants titulaires et une vacataire, qui enseigne pour la première fois, se partagent ces horaires. En cours d’année, le retour d’une collègue modifiera ce dispositif et nous serons quatre à inter- venir en cours.
Les parents sont informés de notre projet et le cautionnent lors d’une réunion en octobre.

La subvention est obtenue (14 016 euros) en décembre 2007 et répartie sur les 3 années à venir :
  • 1ère année : sensibilisation à l’univers des jardins
  • 2ème année : conception du jardin en l’abbaye in situ
  • 3ème année : voyage d’étude et exposition du travail réalisé

LES CONTENUS

a) Au lycée

À partir de l’intitulé « sensibilisation à l’univers des jardins », nous avons mis en place un programme qui permette de répondre aux attentes du référentiel, c’est à dire engager une pratique expérimentale, communiquer ses intentions, acquérir une culture du design .
La trame imaginée initialement était ambitieuse, elle a été modulée au fur et à mesure, à partir des visites et travaux réalisés à l’extérieur, des réactions des élèves face à nos propositions, des ajustements dans la composition de l’équipe pédagogique et des aléas de l’agenda scolaire.

1er trimestre
thème fédérateur : la structure, le squelette
  • le corps en mouvement (instantanés, décomposition du mouvement)
  • structure d’un drôle d’oiseau (travail en volume)
  • structures de jardins (analyse et réalisation d’un projet « aller à la gare ou faire une pause », travail sur maquette).
  • structure et architecture : de la cathédrale gothique au centre Georges Pompidou.
2ème trimestre
Thème fédérateur : l’enveloppe, la peau
  • travail en couleur sur la représentation d’une feuille d’arbre (photos, peinture, collage). Une précision dans les choix colorés est demandée.
  • recherches textiles (concevoir des « peaux » qui facilitent le mouvement du corps)
  • les modes de représentation du géographe, adaptées au territoire pressenti de l’abbaye
  • le principe du mur-rideau en architecture
  • en annexe : rendre compte du 1er séjour à l’abbaye dans un carnet de voyage

3ème trimestre
Pas de thème fédérateur
  • la recherche documentaire : méthode de travail (thème : histoires de jardins).
  • analyse approfondie du projet jardin, adapté aux observations effectuées sur place et à la réalité des possibilités et compétences de chacun. A l’heure d’un choix sur le type d’intervention à prévoir pour 2009, les 2 groupes constitués font le même constat, celui d’agir sur trois petites superficies en incitant le visiteur à déambuler de l’une à l’autre.
  • introduction au design de produit, enquête autour d’un objet : la chaise N°14 de Thonet
  • expérimentations, analyse et propositions : une typographie simple ou complexe
  • expérimentations, analyse et propositions : packaging efficace pour un œuf
Nous avons été particulièrement vigilants à l’apprentissage d’une diversité dans les méthodes d’investigation. Le travail par groupe de 2 à 4 élèves facilite, par la confrontation des individualités et des compétences, la mise en place de ces méthodes. Nous avons également demandé la constitution d’un classeur personnel dans lequel l’élève répertorie à la fois les constats des recherches documentaires imposées et les autres références, fruits d’une curiosité volontaire
et personnelle.
Si nous n’avons pas proposé des séances qui explorent une ou des démarches « recherche appliquée », cela nous paraît prématuré en seconde, chacun des grands domaines (produit, communication, espace et design de mode) ont été introduits. Cette approche s’est fait au niveau culturel, mais aussi à partir d’une recherche créative liée à des contraintes simples.

b) à l’extérieur

Séjour à l’abbaye de Fontevraud les 9,10 et 11 janvier (encadrement enseignants arts appliqués et sciences physiques)
  • Découverte de l’abbaye
  • Rencontre avec les élèves de 1ère année Bac Pro « Travaux paysagés » du lycée de Montreuil Bellay chargés, l’année prochaine de réaliser le jardin.
  • Le coteau St Benoît est retenu comme territoire possible.
  • Collecte de croquis et d’annotations afin de réaliser ultérieurement un carnet argumenté
Prise de contact à la maison du potier au Fuillet, le 7 février
  • Découverte des ateliers et présentation des mises en œuvre spécifiques dans une poterie traditionnelle
  • Manipulation de la terre, premières expérimentations en utilisant des techniques différentes.
Visite au parc oriental de Maulévrier le 18 mars
  • Présentation du parc par son directeur
  • Initiation aux subtilités et métaphores du jardin japonais
  • Prises de vues photographiques et croquis NetB et couleurs
Nouvelles expérimentations à la maison du potier le 10 avril
  • Manipulations (perforation, fragmentation, déformation...) sur de petits pots mis en forme en série à la presse
  • Interventions plus élaborées sur de grands pots à partir des incitations : intrus, duo, féminité.
  • Les limites de résistance de la terre non cuite sont vérifiées
  • chaque élève récupère ses réalisations de la séance de février, après cuisson.
Second séjour à l’abbaye de Fontevraud les 27 et 28 mars
  • Travail en commun avec les élèves de Montreuil Bellay : arpentage des différentes parcelles du territoire pressenti et réalisation d’une maquette à l’échelle ( en 2 exemplaires)
  • Alors que la première rencontre entre les élèves de Montreuil et de Montaigu avait marqué une légitime retenue, due en partie à une différence d’âge importante, le travail commun réalisé a nivelé partiellement les réticences de chacun face à la différence.
Le festival de Chaumont sur Loire le 6 mai
  • Visite du parc du château de Chaumont sur Loire sur le thème « des jardins en partage »
  • Chacune des 26 parcelles accueille des interprétations contemporaines du thème imposé et il est demandé aux élèves d’observer, d’être critiques et de garder des traces graphiques des réalisations les plus « particulières ».
Conférence de l’association Kokopelli, en avril
  • Un membre de l’association nous apporte des informations indispensables sur les pratiques « discutables » de l’agriculture d’aujourd’hui, les conséquences de ces pratiques sur l’écosystème et les moyens possibles d’agir autrement, durablement.

Au-delà de la seule efficacité (et plaisir) de travailler en dehors du contexte scolaire traditionnel, ces séjours et sorties à l’extérieur développent chez l’élève des qualités de réactivité, d’adaptation et d’expérimentation. La rencontre avec des artisans, des plasticiens, des paysagistes, avec des élèves issus d’une autre formation, avec des lieux inhabituels, avec une autre réalité que celle de l’enceinte scolaire sont des expériences éminemment positives.
La confrontation avec des matériaux nouveaux, la vérification de leurs caractéristiques technologiques (capacité à juxtaposer 2 terres d’origine différente, contrainte de cuisson...) sont aussi des aspects formateurs.
Enfin, il était demandé systématiquement aux élèves, lors de nos déplacements à l’extérieur, de s’essayer auxdifférentes techniques de représentation pour rendre compte ultérieurement à la classe de leurs observations. Cette présentation nécessite une sélection des croquis, la rédaction d’informations écrites complémentaires et une mise en page adaptée. Nous avons observé une progression à ce niveau.

LES AUTRES INSTANCES

La création du blog « unjardinenlabbaye.blogspot.com » est un autre support favorisant l’évolution et l’autonomie des élèves. Si la structure de ce mode de communication et d’information évolutif est sous la responsabilité d’un enseignant, certains articles rédigés, les photographies et les croquis sont réalisés par les élèves. Cette appropriation du projet est fondamentale.
Les réunions, sous l’intitulé « vie de classe » sont aussi une instance qui permet la responsabilisation des individus. L’enseignant, quand il est présent se fait discret, pour que ce soit le groupe élève qui gère la réunion, son fonctionnement et son ordre du jour, la prise de parole et l’efficacité des décisions prises collégialement.

LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES

- Au niveau des élèves :
puisque la prise de parole est largement encouragée, à partir de la fin du second trimestre, certains élèves ont fait part, lors d’une réunion « vie de classe », d’une certaine saturation par rapport au projet « un jardin en l’abbaye ». Même si nous pensons avoir été vigilants à ne pas toujours orienter notre propos autour de la sensibilisation à l’univers des jardins, il est vrai que l’orientation retenue a pu provoquer une insatisfaction, celle de ne pas consacrer suffisamment d’heures aux autres domaines. Nous avons pris en compte cette demande et modifié le contenu du 3ème trimestre.
- Au niveau des enseignants :
4 enseignants pour les 8 heures hebdomadaires constituent une équipe trop large. Le contexte de cette année n’a pas été au mieux en termes d’efficacité et de pertinence d’autant que nous ne nous sommes pas suffisamment réunis à 4, fréquemment et régulièrement.
La transversalité avec les autres disciplines n’a pu s’opérer que très partiellement, malgré les bonnes intentions individuelles. L’ensemble de l’équipe pédagogique des 2nde AA a pris en compte avec tolérance les absences de la classe pendant les séjours et sorties à l’extérieur.

LA SUITE

Le bilan fait en classe en juin demeure extrêmement positif. Élèves et enseignants sont globalement ravis et motivés par cette 1ère phase du projet et impatients de passer à celle de la conception qui devrait, en partie, être réalisée à l’abbaye de Fontevraud durant une semaine de novembre 2008.

Nous sommes prêts...
Pour l’équipe pédagogique
Gilles HERBRETEAU / Marc VAYER